mardi 17 décembre 2013

L'ARBRE


Végétal ligneux dont le tronc nu s'ancre profondément dans la terre grâce à ses racines, et qui présente des ramifications recouvertes de feuilles ou d'épines à partir d'une certaine hauteur.
 
Telle est la définition quelque peu succincte proposée par le dictionnaire pour définir les arbres, éléments fondamentaux de l'histoire humaine tant sur le plan matériel que culturel...
Exploités pour leurs bois, leurs fruits ou encore pour l'ombre qu'ils fournissent ils sont également présents dans de nombreux récits mythologiques, dans les contes et légendes...et bien sûr, dans mon jardin où je leur cède volontiers la place d'honneur !
Le poète Emile Verhaeren leur a rendu un grand hommage au travers de l'un de ses poèmes et je vous propose aujourd'hui d'en savourer quelques passages accompagnés des clichés d'une humble jardinière émue devant tant de splendeurs...

 

L’arbre


Tout seul,
Que le berce l’été, que l’agite l’hiver,
Que son tronc soit givré ou son branchage vert,
Toujours, au long des jours de tendresse ou de haine,
Il impose sa vie énorme et souveraine
Aux plaines.
Il voit les mêmes champs depuis cent et cent ans
Et les mêmes labours et les mêmes semailles ;
Les yeux aujourd’hui morts, les yeux
Des aïeules et des aïeux
Ont regardé, maille après maille,
Se nouer son écorce et ses rudes rameaux.
Il présidait tranquille et fort à leurs travaux ;
Son pied velu leur ménageait un lit de mousse ;
Il abritait leur sieste à l’heure de midi
Et son ombre fut douce
A ceux de leurs enfants qui s’aimèrent jadis.

Dès le matin, dans les villages,
D’après qu’il chante ou pleure, on augure du temps
Il est dans le secret des violents nuages
Et du soleil qui boude aux horizons latents ;
Il est tout le passé debout sur les champs tristes,
Mais quels que soient les souvenirs
Qui, dans son bois, persistent,
Dès que janvier vient de finir
Et que la sève, en son vieux tronc, s’épanche,
Avec tous ses bourgeons, avec toutes ses branches,
- Lèvres folles et bras tordus -
Il jette un cri immensément tendu
Vers l’avenir.

soleil levant


Alors, avec des rais de pluie et de lumière,
Il frôle les bourgeons de ses feuilles premières,
Il contracte ses noeuds, il lisse ses rameaux ;
Il assaille le ciel, d’un front toujours plus haut ;
Il projette si loin ses poreuses racines
Qu’il épuise la mare et les terres voisines
Et que parfois il s’arrête, comme étonné
De son travail muet, profond et acharné.


Mais pour s’épanouir et régner dans sa force,
Ô les luttes qu’il lui fallut subir, l’hiver !
Glaives du vent à travers son écorce.
Cris d’ouragan, rages de l’air,
Givres pareils à quelque âpre limaille,
Toute la haine et toute la bataille,
Et les grêles de l’Est et les neiges du Nord,
Et le gel morne et blanc dont la dent mord,
jusqu’à l’aubier, l’ample écheveau des fibres,
Tout lui fut mal qui tord, douleur qui vibre,
Sans que jamais pourtant
Un seul instant
Se ralentît son énergie
A fermement vouloir que sa vie élargie
Fût plus belle, à chaque printemps.


En octobre, quand l’or triomphe en son feuillage,
Mes pas larges encore, quoique lourds et lassés,
Souvent ont dirigé leur long pèlerinage
Vers cet arbre d’automne et de vent traversé.
Comme un géant brasier de feuilles et de flammes,
Il se dressait, superbement, sous le ciel bleu,
Il semblait habité par un million d’âmes
Qui doucement chantaient en son branchage creux.
J’allais vers lui les yeux emplis par la lumière,
Je le touchais, avec mes doigts, avec mes mains,
Je le sentais bouger jusqu’au fond de la terre
D’après un mouvement énorme et surhumain ;
Et J’appuyais sur lui ma poitrine brutale,
Avec un tel amour, une telle ferveur,
Que son rythme profond et sa force totale
Passaient en moi et pénétraient jusqu’à mon coeur.

Alors, j’étais mêlé à sa belle vie ample ;
Je me sentais puissant comme un de ses rameaux ;
Il se plantait, dans la splendeur, comme un exemple ;
J’aimais plus ardemment le sol, les bois, les eaux,
La plaine immense et nue où les nuages passent ;
J’étais armé de fermeté contre le sort,
Mes bras auraient voulu tenir en eux l’espace ;

Mes muscles et mes nerfs rendaient léger mon corps
Et je criais : ” La force est sainte.
Il faut que l’homme imprime son empreinte
Tranquillement, sur ses desseins hardis :
Elle est celle qui tient les clefs des paradis
Et dont le large poing en fait tourner les portes “.
Et je baisais le tronc noueux, éperdument,
Et quand le soir se détachait du firmament,
je me perdais, dans la campagne morte,
Marchant droit devant moi, vers n’importe où,
Avec des cris jaillis du fond de mon coeur fou.



 Un grand Merci à C. (qui se reconnaîtra !) pour m'avoir donné la chance de découvrir un auteur très talentueux, poète  qui de surcroît,  semble avoir arpenté mon jardin de nombreuses fois tant ses écrits parviennent à décrire mon petit coin de paradis !
Les arbres méritent toute notre attention, ils sont la force d'un jardin, marquent nos paysages de campagnes de leurs silhouettes majestueuses,  sont l'oxygène de nos vies...le futur de nos enfants ...
N'hésitez pas , si vous en croisez un au détour d'un chemin, à prendre le  temps de vous imprégner de sa force, de sa beauté, de sa générosité ...et vous sentirez alors inexorablement  la quiétude envahir votre esprit et devenir votre meilleure amie ...au moins durant le temps de la promenade !
Très bonne semaine à vous Tous !



14 commentaires:

  1. Bonjour Nathalie,
    Alors on copie, mais très bon choix, très bien avec vos photos!
    Vous connaissez Esther Granek, Promenade, pas mal non plus!
    Passez une belle journée.
    Christian

    Promenade

    Un banc, des coteaux,
    des fleurs, une treille,
    rayons de soleil
    me chauffant le dos.
    Des troncs noirs et hauts.
    Émois du matin…
    Que je me sens bien !
    Bocages, ramures.
    Un toit qui rassure.
    Abri où je dure.
    Du rêve. Un piano.
    Des livres à gogo.
    Pour moi un festin !
    Que je me sens bien !
    Et quittant la rade,
    parfois en balade
    ou en randonnée,
    je prends le sentier,
    coeur et pied légers.
    Appel quotidien…
    Que je me sens bien !
    S’allongent les lieues.
    Au vent mes cheveux.
    Fatigue aux mollets.
    Un coin oublié.
    Un silence ailé.
    Gazouillis soudain…
    Que je me sens bien !
    Des baies, des épines.
    Et l’air qui burine.
    Odeurs de résine
    et de chèvrefeuille.
    Un saut d’écureuil.
    Soleil au déclin…
    Que je me sens bien !
    Chemin du retour.
    Rougeoiement du jour.
    Et paix alentour.
    Au loin en beauté,
    mon toit, mon grenier.
    En moi un refrain…
    Que je me sens bien !…
    Que je me sens bien !…
    Que je me sens bien !…
    Que je me sens bien !

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  2. Bonsoir Christian ! C'est incroyable car ce poème exprime vraiment le moindre de mes ressentis ainsi que toutes les émotions qui me traversent lorsque je suis au jardin ! un très bon choix, bravo ! Très bonne soirée !
    Nathalie

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  3. Ton blog va devenir "jardin et poésie"!!! ce poème proposé par C. est plus moderne , mais j'adore les phrases courtes un peu à la Prévert, et les sensations sont parfaitement décrites!
    Oui, les arbres, on les aime et on a le cœur déchiré à la vue d'un estropié ou d'un condamné!
    Oui, on peut l'enlacer, la vie est dedans!
    Hier soir, vers 17h, en revenant des courses, et en voyant ce ciel rose et bleu, j'ai eu une pensée pour toi, en me disant que de telles images n'allaient pas t'échapper!
    Je te souhaite une bien belle soirée!
    Ghislaine

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    1. Chère Ghislaine, la poésie a toujours fait plus ou moins intensément partie de ma vie et il est vrai qu'avec ce blog elle devient de plus en plus présente, peut-être parce que le jardin ne peut exister sans un peu de rêves et de jolis mots... une jardinière et des vers (humour !!) mais aussi des amis qui me deviennent chers et qui ouvrent la voie du coeur et de l'inspiration d'où l'afflux ces derniers temps de rimes et de quatrains !!! une très belle nuit à toi...
      Nathalie

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  4. Bonjour . Oui mon amie ton Jardin et un vrais petit coin de Paradis . Méme en Hivers il et beau. Tes photos sont toujours trés belles elles ressemblent des Tableaux. Mon amie j'aime tes jolis mots et tes poémes s'y bien imagés avec les Arbres et les fleures de ton jardin. Ce matin il tombe une petite pluie fine en Sologne , le jardin et heureux . Moi je suie heureuse d'avoir découvert ton blog.
    Chére Nathalie passe une douce journée .
    Bisous Solognot

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    1. Merci Thérèse de tous ces jolis compliments qui ensoleillent ma journée dès le matin ! pas de pluie içi et 7° au thermomètre ... je te fais de grosses bises, te souhaite de passer une douce journée dans ta belle sologne et te dis à très bientôt !
      Avec toute mon amitié, Nathalie

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  5. tellement vrai... ton jardin est un petit coin du paradis, et avec tes belles images et belles paroles tu nos fais rêver.
    merci pour tous ces beaux partages.
    belle journée ma gentille Claudine je t'embrasse très fort
    Rosa

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    1. Bonjour Rosa et merci de ta présence dans mon jardin ...par un heureux hasard, Claudine se trouve être le prénom de ma mère ! je t'embrasse moi aussi et te souhaite une belle journée ! à bientôt !
      Nathalie

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  6. Un vrai petit paradis, chez toi...
    ce sont de très belles photos "ambiance calme et sereine ".
    Amicalement,
    Belle journée.
    (ps : pour s'abonner à mon blog, il y a en haut à gauche, au-dessous de ma présentation, le module "newletter")

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    1. Bonjour et merci Estelle ! je prend note pour la newletter ! à très bientôt !
      Bonne journée à toi aussi !
      Nathalie

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  7. Oh ! Quelle jolies photos ! J'adore ces photos complètement aérés qui laissent découvrir des arbres si grands. C'est marrant comme cela donne un tout autre décor. Leur hauteur nous montre qu'ils ont du en voir des choses pendant toutes ces années alors que nous meme nous n'étions encore pas nés ! Mais je suis certaine, que s'ils pouvaient parlés, ils nous diraient que le jardin n'a jamais été si beau ! Et ils savent de quoi ils parlent, ils ont de la hauteur que nous, nous n'avons pas. C'est pour ca qu'il chante délicatement à travers un petit vent : ' Il avait un joli nom mon guide "NATHALIE" ' . Tendre bisous, Babylou

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    1. Bonsoir Babylou ! quelle joie de constater que le virus de la poésie semble gagner une grande partie de mes lecteurs ! et le guide te remercie beaucoup de continuer à visiter régulièrement le jardin et d'en apprécier la visite ! je t'embrasse bien fort,
      Nathalie

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  8. un article est un poème qui me colle a la peau, si tu te souviens bien, je t'ai déja dit aimer les arbres et surtout a cette saison, j'aime les arbres mort, d"ailleurs j'ai quelques racines en décos dans mon jardin est cette année ma décos pour noël des branches car je viens de sauver un sapin
    bonne fin de semaine

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  9. Bonsoir Nadette ! les arbres sont un très beau sujet d'inspiration pour de nombreuses personnes et ceux qui se trouvent dénudés en hiver dévoilent encore mieux leur belle personnalité à ceux qui comme toi, savent les admirer et les aimer...
    amicalement, Nathalie

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